Des appartements à 17000 €/m² aux Batignolles

Chic et cher. La semaine prochaine, nous apprend le quotidien gratuit Metro, Vinci Immobilier lancera – pour les CSP+ – dans le nouveau quartier des Batignolles la vente d’un nouveau bâtiment, baptisé Cardinet 17, un immeuble de huit à onze étages selon les côtés, parallèle à la rue Cardinet, qui sera livré au quatrième trimestre 2014. Originalité : au moment où les indicateurs avancés des prix à Paris annonçent , comme c’est le cas de celui de Meilleurs Agents, une baisse de 5% à 10% en 2012, ce programme ressortira … avec un prix moyen situé entre 10.000 et 11.000 euros le mètre carré ! « Il y aura 86 logements, du studio de 27 mètres carré à moins de 300.000 euros (ouh là là, Mein Gott dirait sûrement Merkel ) au cinq pièces en duplex de 136 mètres carrés au onzième étage à 1,445 million d’euros ( bienvenue au club des ISF dira peut être Sarko ) « , résume Laurent Douillet, directeur commercial Ile-de-France chez Vinci Immobilier. En tous cas, résume le journaliste de Metro (qui doit être certainement obligé d’habiter chez une copine, vu ses moyens ?) le nouveau bâtiment écolo et haut de gamme va se mesurer sans complexe aux vieux immeubles chics du quartier. « Pour vivre aux abords du nouveau parc Martin Luther King, sur la ZAC Clichy-Batignolles (XVIIe) il faudra soit dégoter un logement social ou à loyer ‘maîtrisé’, soit détenir un joli capital« , prévient-t-il. Car « le futur écoquartier, emblème de la « mixité sociale » défendue par la mairie de Paris, est déjà en cours de commercialisation« , précise encore notre confrère Vincent Michelon. Car, à côté des 50% des logements sociaux dont certains sont déjà en travaux (sur un total de 3.400 logements), les promoteurs mettent en vente des appartements de standing avec pour cible une clientèle résolument « CSP + », excluant d’office les petits propriétaires parisiens et les primo-accédants.

C’est ainsi que se termine un feuilleton commencé, je crois, il y a bien vingt ans sur le thème : que va-t-on faire des terrains récupérés sur la gare de triage SNCF petite ceinture située aux Batignolles ? Parallèlement, c’est encore Vinci Immobilier qui réalise, près de la rue Cardinet, l’un des immeubles de logements sociaux de la ZAC ; en application des textes qui prévoient un quart du bâti en logements sociaux, comme BNP immobilier n’avait eu l’affaire quai Kennedy, qu’en consacrant l’un des quatre immeubles au logement social…sans d’ailleurs changer la fabrication et l’équipement, sauf peut-être le marbre du hall d’entrée remplacé par de la comblanchien ?

Mais en outre, complète encore Metro,  à l’ouest du site, côté boulevard Pereire, le promoteur a lancé en octobre dernier la commercialisation d’un immeuble de très haut standing où le prix au mètre s’envole de 9.000 à 15.000, voire 17.000 euros le mètre carré. Cerise sur le gâteau : les plus grands appartements proposent notamment de gigantesques terrasses avec vue panoramique. Et, last but not least, sur les 137 logements, 57 réservations ont été passées en trois mois. « Un beau score commercial compte tenu de la période« , selon les responsables de Vinci Immobilier.

Que penser de tout cela ? D’abord, que le marché parisien se « dichotomise » de plus en plus. Il y a bien longtemps que la moyenne des prix – sur laquelle se battent aujourd’hui les statisticiens officiels – n’a plus guère de sens. Au lieu d’un profil en « dromadaire » une bosse, la moyenne , voici venu le temps du « chameau » qui, lui, a – contrairement au dessin du paquet de Camel- deux bosses : l’une, pour les prolétaires marxistes léninistes, etc.  vers disons vers  7/8 000 euros le m2, genre l’Est parisien et l’autre, pour les nantis bobos, écolos, etc. vers 11/12 000  ?

Ensuite, la « mixité » n’est pas accessible à tous. « On s’adresse à très peu de primo-accédants, indique encore Laurent Douillet sur ce fameux programme qui tue. La plupart sont des seconds accédants, une clientèle très locale du XVIIe qui n’a pas forcément une situation exceptionnelle mais qui compte des cadres supérieurs et vient de revendre un appartement » ; parfois dans la précipitation pour éviter les plus values ?

Du reste,  un certain nombre des souscripteurs ont payé comptant, n’hésitant pas à faire des virements de 800.000 à 1 million d’euros ! Enfin, il n’est pas dit que ce soit le chant du cygne…Un autre immeuble verra également le jour, à l’est de la ZAC, avec une vue plein sud donnant sur le parc Martin Luther King. Le prix moyen devrait s’envoler à nouveau au delà de 12.000 euros le mètre carré. Seulement !

L’affaire des 30% Sarkozy rebondit…Voilà au moins une idée qui a l’avantage de ne rien coûter! Elle avait été d’abord proposée sous la forme d’une construction de 20% supplémentaires par feue la ministre du logement Mme Boutin. Mais en pratique, auncun maire n’aurait accepté d’en cautionner un exemple dans sa commune? Toujours est-il que les professionnels sont pour le moins mitigés sur la resucée possible de la chose: Marc Pigeon, au nom des promoteurs, pense qu’il s’agit d’un challenge impossible et qu’il y aurait bien d’autre choses à faire plus efficaces…La mesure semble difficile à mettre en œuvre car aujourd’hui chaque plan local d’urbanisme (PLU), élaboré au niveau communal ou au niveau intercommunal, fixe les droits à construire, mais en partant plutôt de gabarits, de hauteurs limites, de volumes, que de coefficients des sols, qui ont quasiment disparu des documents d’urbanisme. Se pose donc la question de savoir à partir de quel chiffre on fixe une augmentation de 30 %. Par ailleurs, pour Marc Pigeon, le président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) , « l’idée de construire plus va dans le bons sens mais avec de mauvaises solutions. Le choix d’une plus grande densité voit l’opposition des élus, des citoyens et des professionnels parce qu’elle ne génère pas une baisse des prix », a-t-il déclaré à l’AFP.

Contradictoire avec la lutte contre l’étalement urbain – Les associations de protection de l’environnement, par la voie de France nature environnement notamment, dénoncent une mesure « déraisonnable » et « contradictoire avec la politique de lutte contre l’étalement urbain ». De plus, selon Benoît Hartmann, cette annonce du président de la République revient à étendre à tous les logements un « bonus » existant déjà pour les bâtiments performants en matière énergétique mis en place par la loi Grenelle 2. « Maintenant, si on fait sauter cette incitation en généralisant cette règle, les promoteurs vont aller sur ce qui leur rapporte le plus », dénonce-t-il.